« L’un des mystères insondables de la vie est celui de la présence dans la même personnes d’une intelligence supérieure et d’une âme basse. Le talent ne préserve pas de l’ignominie… »
Claude Bendel

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par France Camus-Pichon

Ian MCEWAN

Une machine comme moi
Gallimard

4 | 387 pages | 26-04-2020 | 22€

Ian McEwan nous transporte dans le Londres des années 80, et évidemment il y met son grain de sel, Thatcher doit gérer la défaite de la guerre des Malouines, un leader prometteur et brillant de l’opposition prêt à prendre le pouvoir est assassiné dans un attentat, et le génial Alan Turing, pilier de l’informatique moderne et pape de l’intelligence artifielle, est toujours en vie et actif dans le monde de la recherche. Dans le même temps, l’humanité accueille de nouveaux venus ! Des robots à l’image de l’homme ont été créés, un premier jet de douze Adam et treize Eve sont mis en vente et Charlie se décide malgré le prix à acquérir son Adam, un androïde à l’intelligence stupéfiante, plus vrai que nature. Ils savent tout faire, tout ressentir, émotions, joie, tristesse, ils savent raisonner, expliquer, créer, composer des haïkus, aimer, avoir des pulsions et des rapports sexuels, « une version améliorée de nous-mêmes », « le triomphe de l’humanisme – ou son ange exterminateur ». « Les humains étaient éthiquement défaillants », les robots le seront-ils ? Comment leur apprendre ces défaillances ? Dans le même temps, Charlie est à l’aube de sa grande histoire d’amour. Il aime Miranda et sait qu’il ne vit maintenant que pour elle. Un couple à trois se forme. En premier lieu, ils vont devoir configurer Adam, premier casse-tête du nouveau couple. Adam sera en effet leur premier enfant et ils peuvent décider d’influer sur son caractère, son psychisme, choix cornélien… Puis rapidement, Adam le prévient, Miranda cache quelque chose et n’est pas nécessairement celle qu’il croit… Adam surprend chaque jour le couple sur tous les plans. Il semble heureux de sa vie, même lorsqu’il apprend qu’un quart de ses frères et sœurs ont choisi l’autodestruction. En effet, observer les humains et leurs comportements peut aussi s’avérer surprenant et décevant et les êtres parfaits que sont ces robots pourront-ils le supporter ? Cette nouvelle cohabitation est donc ardue et rapidement se posera la question ultime, si ces robots sont des êtres consciencisés, l’homme, son créateur, a-t-il le droit de mort sur lui ? Un roman intelligent qui, en plus d’une intrigue passionnante, nous interroge sur nous-mêmes, sur ce que nous sommes, notre éthique, nos contradictions, nos émotions, notre relation à l’autre et à la technologie.

« Si nous ne connaissons pas notre propre esprit, comment avons-nous pu concevoir le leur et nous attendre à ce qu’ils soient heureux parmi nous ? »

« On trouve un certain répit dans la sensualité d’un lit rien qu’à soi, pendant quelques temps du mois, jusqu’à ce que le fait de dormir seul acquière sa propre tristesse muette. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une machine comme moi"

Fiche #2532
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon


Ian MCEWAN

Dans une coque de noix
Gallimard

3 | 212 pages | 17-06-2017 | 20€

L’image que vous avez d’un fœtus, bien au chaud, protégé, dans le ventre de sa mère, va être bouleversée par ce roman ! Son narrateur si singulier est en effet un fœtus qui nous fait partager ce qu’il entend, comprend, ressent, ses réactions et avis, et il est donc très vite au courant de ce qui l’attend ! Sa mère a déjà quitté son père John, un poète, pour rejoindre son frère, Claude, un homme avide d’argent et de sexe et peu tendre. Et les compères ont décidé d’éliminer John, un meurtre auquel le narrateur redoute de participer, néanmoins son avis reste annexe... Le décor shakespearien est planté ! Mais le fœtus ne se contente pas de suivre les péripéties et le quotidien mouvementé du trio, il appréhende déjà précisément le monde dans toute sa globalité et sa noirceur. Et pourtant il décidera d’y plonger !

Ecouter la lecture de la première page de "Dans une coque de noix"

Fiche #1971
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon


Nikolai GROZNI

Wunderkind
Plon

2 | 325 pages | 21-08-2013 | 21.5€

Sofia la grise à la fin de l’ère communiste continue d’accueillir les Wunderkind dans son Conservatoire pour Enfants Prodiges. Konstantin, pétri de talent, est l’un des meilleurs. Ils sont trois, différents, impétueux, rebelles, orgueilleux, fiers parfois prétentieux et arrogants mais tous obsédés par leurs instruments et leurs interprétations et en rupture totale. Ils acceptent seulement de s’effacer devant la musique, berceau de leur liberté. Des ados qui refusent l’institution et sa violence permanente, le pays et son régime politique, les autres élèves vus comme des moutons, leurs parents… Deux exceptions pour Konstantin, sa prof de piano qui croit en lui et a réussi à établir une confiance partagée et un respect mutuel, et son oncle Ilya emprisonné pendant plus de trente ans qui tente de lui faire partager sa sagesse. Ces ados, déjà adultes et pourtant encore enfants, épris de liberté (« La clé de la liberté se trouvait au bout de mes doigts. ») découvrent aussi l’amour et ils en profitent bien malgré l’institution qui veille. Toujours sur le fil, l’exclusion les menace à chaque instant : On m’avait fait croire que j’apportais la lumière. Et voilà que j’avançais à tâtons dans l’obscurité. C’était plutôt cruel. ». Entre ses réflexions sur son art, Konstantin nous fait partager sa vie, ses passions et déchirements tout en dressant en creux un portrait cruel de la Bulgarie des années 80. Un superbe concert dense et particulièrement rythmé que ce « Wunderkind ».

« Si nous naissions tous idéalistes, alors l’existence ne pouvait être qu’une longue déception. Heureusement, il y avait la musique. »

« Le mal naît toujours d’une éthique en or massif. »

« Il est facile de prononcer les mots, de reproduire comme un perroquet, l’intonation de chaque phrase, d’imiter les inflexions de la parole humaine. Tous les ambitieux le font, c’est à celui qui saura le mieux parfaire l’expression de la marionnette universelle. Mais croire aux mots, être les mots, les suivre dans l’abîme : cela réclame rien de moins qu’une aptitude au martyre. Avec la musique impossible de mentir impunément. Chaque trahison se traduit par une banalité mélodique. La cupidité et la complaisance se transforment en pauvreté harmonique, la colère et le nihilisme en bruit et en dissonance. L’esprit superficiel étouffe le rythme de la phrase musicale ; il n’a pas d’oreille. »

« La vie n’est qu’une répétition générale. »

Ecouter la lecture de la première page de "Wunderkind"

Fiche #1344
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon


Ian MCEWAN

Sur la plage de Chesil
Gallimard

1 | 149 pages | 15-07-2008 | 17.15€

Ils sont jeunes. Ils se rencontrent dans l’Angleterre des années 60, Angleterre puritaine d’avant la révolution sexuelle. Il pense devenir historien, elle est musicienne. Ils ne feront que s’effleurer avant le mariage, croiront se connaître et resterons vierges jusqu’au jour J. Mais devant leurs craintes, leurs troubles, leurs hésitations, la nuit de noces ne se déroule pas comme prévu et en un instant, un éclair, une décision, un mouvement, leurs vies basculent et s’éloignent définitivement.

Fiche #417
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon